Jour 5 :
Comme prévu le réveil a sonné à 23h après très très peu de sommeil et à 0h10 (nous aussi nous sommes à l'heure africaine) nous voilà prêts. On y est ...
Armés de nos frontales, on suit sagement le guide en regardant les points lumineux qui ouvrent le chemin sur la montagne, certains sont partis depuis quelques dizaines de minutes.
Le début ne présente pas de difficulté majeure. On est concentré. On devine la voie à la lueur des frontales...
4810m : premier palier symbolique, nous voilà plus haut que le mont blanc. La tête, ça va, le ventre aussi, on a la chance que nos corps réagissent bien.
5000m : 2nd palier, aller ! On ne lâche rien !
5400m : Aurélie, qui nous accompagne depuis le début, abandonne, son corps la lâche, l'altitude provoque des vomissements qui l'empêchent d'avancer. C'est un coup pour le moral. Le guide reste avec elle et nous poursuivons avec l'assistant.
La neige se met à tomber, nous fouettant le visage. On voulait voir les neiges du Kilimandjaro : on est servi !
Ça commence à être dure, les mêmes phrases tournent en boucle dans nos têtes "L'échec n'est pas une option","Chaque pas de plus est une victoire vers le sommet", "L'échec n'est pas une option","Chaque pas de plus est une victoire vers le sommet", "L'échec n'est pas une option","Chaque pas de plus est une victoire vers le sommet".
On est à bout de force, on n'a plus de jus. Aussi, contrairement aux recommandations des guides, Benoit demande une pause pour manger quelque chose, on va finir par tomber sinon ! Benoit reconnaîtra par la suite, ne pas se souvenir de la partie d'ascension qui a précédée : il était en pilote automatique ! La pom-pot énergétique fait beaucoup de bien ! Non seulement nos corps les acceptent mais ils nous remercient ! Et nous retrouvons un semblant d'énergie pour continuer la dernière heure d'ascension.
La compote, des chaufferettes pour les mains, et le ciel qui commencent à s'éclaircir, c'est bon pour le moral ! Ça sent le sommet !
Encore quelques dizaines de minutes à petits pas derrière notre guide et nous atteignons avec soulagement le panneau "Stella point", dernière étape symbolique avant le sommet ! On a les larmes aux yeux, on a réussi, le reste ne doit être qu'une formalité, 1/2h de faux plat jusqu'au panneau final !
On ressort l'appareil photo, on sourrit, on profite à 100 %. Le décor est magique, la neige s'est arrêtée, nos cheveux sont tout gelés, et on en prend plein les yeux : de la neige, le glacier : un paysage qui n'existera probablement plus dans 15 ans. On l'a mérité, on est heureux !
CA Y EST !!! On voit se fichu panneau pour lequel on monte depuis 6h40 !!!! On est trop fier ! Ce qui me passe par la tête n'a plus vraiment de poésie " Putain, on en a bien chier ! Whoua !! C'est énorme ! "
C'est impressionnant de voir les gens autour de nous. Tous, nous avons été puiser dans nos réserves et certains bien au delà. Une dame est assise et ne peut plus se lever, d'autres repartent avec un guide de chaque côté pour les porter à moitié. On prend pleinement conscience du challenge et de la victoire que nous venons tous les deux de remporter. On a le droit d'être fiers de nous !
Séance photo devant le fameux panneau. On en fait plein, il faut absolument graver ce moment : nous sommes sur le toit de l'Afrique ! 5895m ! Défi relevé ! Nous remercions également notre guide, sans qui nous n'y serions pas arrivés : son rythme lent et régulier nous a permis de ne jamais nous essouffler malgré l'altitude.
Il va maintenant falloir penser à redescendre car, après 6h40 d'ascension, nous allons encore avoir besoin de 2h30 de descente avant une sieste jamais mieux méritée !
La descente n'est pas franchement agréable. Nous n'en avions pas conscience car il faisait nuit noire mais le chemin n'est pas joli, cailloux et terre glissante mélangés à la neige... On rêve de s'asseoir et de dormir mais ce n'est pas vraiment une option envisageable. Donc malgré le chemin peu sympathique, la neige qui nous fouette à nouveau le visage, on avance d'un pas décidé !
Quel plaisir lorsque le camp finit par apparaître. 9h25, on se jette dans notre tente, sans même prendre la peine de se glisser dans les duvets, nous avons le droit à 3h de sieste avant le repas de midi, on ne va pas perdre la moindre minute !
Car, au final, nous pensons sincèrement que la difficulté majeure réside dans le manque de sommeil. Nous avons fait 5h de rando, 1200m de dénivelé positif la veille (après déjà 3 autres jours de trek), dormis 1h30 peut-être et rien mangé avant d'attaquer l'ascension. On est sûrement dans la réserve avant même de commencer. La même expérience après une nuit de 8h aurait probablement été très différente.
A 12h30, on vient nous avertir que le repas est prêt ! Après l'effort, le réconfort ! C'est également l'occasion de choisir sur quel camp nous souhaitons dormir le soir même. Selon notre niveau d'énergie, nous avons le choix de rejoindre un camp à 3800m ou de pousser 1h30 de plus jusqu'au Mewka camp à 3000m d'altitude. Nous optons pour la seconde solution. Nous serons plus proches de l'arrivée et pouvons donc espérer arriver un peu plus tôt à l'hôtel le lendemain. Car, après 5 jours de trek, nous rêvons maintenant d'une bonne douche !
La dernière soirée est très sympa, l'autre couple de français se joint à nous. Lui a pu rejoindre le sommet mais elle a été contrainte de rester au dernier camp à 4700m d'altitude, fortement sujette au mal aigu des montagnes. Son guide venait d'ailleurs toutes les heures relever son taux d'oxygène dans le sang pour s'assurer de la stabilité de son état. Lorsque l'on entend ça, on se rend compte de la chance que nous avons eu, de ne pas y être sujets.
Jour 6 :
Dernière nuit en tente ... Pour une fois, nous avons de la chance sur le temps : après une nuit pluvieuse, nous bénéficions d'une matinée ensoleillée.
Mais, avant de partir pour nos dernières heures de rando, le petit déjeuner est l'occasion d'un dernier rituel : tous les porteurs et le reste du staff se rejoignent pour chanter LA chanson du Kilimandjaro, que nous avions entendu un peu tous les jours... A la fin, les touristes remettent à chacun les pourboires. Nous avions donc préparé la veille au soir 4 enveloppes pour les porteurs, le cuisto, le guide et son assistant. On reconnaît la culture anglo-saxonne très présente dans le pays. Ça fait parti du jeu dont on connaîssait les règles en partant !
Le soleil brille pour nos dernières heures de marche. Nous avons retrouvé la forêt du premier jour ... Au revoir Kilimandjaro.... Et Merci !
Nous passons par l'agence pour la remise officielle de nos diplômes, certifiant que nous sommes parvenus au sommet ! C'est la classe !
Au final, l'agence locale par laquelle nous sommes passés (Akaro tour) s'est avérée mieux qu'espérée. Le service est très bon, les tentes tout à fait corrects et les gens très sympas. Nous recommandons sans hésiter !
FABULEUX ! Vous m'avez même fait verser une larme en lisant votre récit, c'est vraiment poignant ! On vit avec vous la souffrance, la détermination et enfin la joie extrême que vous avez du ressentir en réalisant cet exploit.
RépondreSupprimerBravo, félicitation et RESPECT !!!
Merci à vous pour ce partage formidable et maintenant, vivement le safari !...
imaginez si Vincent a versé une larme dans quel état j'étais !!! quelle détermination, quelle force ....chapeau bas !!!
RépondreSupprimerJe vous admire tous les deux ...
Pas mal de préparation physique en amont, une bonne santé, un bon rythme dans la monté et un mental d'acier jusqu'au sommet... vous vous êtes surpassé, bravo!!!
RépondreSupprimerEn relisant les temps de monté/descente, je me demande quand même si vous ne seriez pas descendu en luge ou toboggan ;)
RépondreSupprimerSuper rythme, et une incroyable aventure!
Mhmm oui vu que ça a l'air d'être ultra touristique je pencherais plutôt pour le toboggan. Les campings comme ça ont toujours un toboggan avec la piscine... 😂
Supprimerc'est vrai qu'ils ont mis le turbo dans la descente ... plus vite arrivés, plus vite un gros dodo !!!
SupprimerIl n'y a pas de mots pour l'exploit.
RépondreSupprimerIl ne faisait pas froid ce matin à la maison mais j'en avais le frisson, la chair de poule à vous lire, quand à Vincent je crois que nous avons eu la même larme.
Bravo aussi Anaïs pour ce récit prenant.
Bon repos et tout mes Respects !!
Quel exploit, et quelle expérience ! L'auriez vous choisi comme " voyage de noce " si vous aviez su ce que vous alliez endurer? Ou peut-être était-ce un test de résistance que vous vous infligiez mutuellement?
RépondreSupprimerEn tout cas, c'est formidable,et vos santés, tant morale que physique, ont été soumises à un sacré check-up! Je (et beaucoup d'autres avec moi) suis très fière de vous, et depuis mon petit confort bourgeois (sec et chaud), j'ai souffert pour vous.
RESPECT !!!!